Mise en garde : ne lisez surtout pas ce texte si vous ne désirez pas altérer votre vision idéaliste de certains entrepreneurs « à succès ».

Ne vous méprenez pas, je ne suis pas jaloux du succès des autres, loin de là. C’est ce que j’encourage constamment. Il y a cependant des situations que je considère comme inacceptables étant donné qu’elles heurtent de plein fouet mes valeurs personnelles, dont la transparence.

Question de valider mon propre point de vue sur la transparence, j’ai posé la question suivante à cinq proches collaborateurs :

Considères-tu qu’il soit acceptable de mentir délibérément pour décrocher des contrats ou gagner des concours?

Vous risquez de répondre comme tous les autres : bien sûr que non, c’est frauduleux et inacceptable…

J’ai ensuite nommé trois entrepreneurs « à succès », en citant des exemples tirés de conférences qu’ils ont donnés à des milliers d’entrepreneurs du Québec… Mes collaborateurs ont été outrés parce qu’ils n’avaient effectivement pas vu la situation de cette manière.

Et pourtant, combien de fois avez-vous entendu des entrepreneurs, bien en vue et médiatisés à outrance, raconter leur histoire en mentionnant qu’ils ont été audacieux parce qu’ils ont fait semblant d’avoir l’air plus gros pour leurrer des clients potentiels?

Avec un bon storytelling, ils nous font croire que c’était correct de le faire et que ça fait partie de leur succès… parce que leur entreprise a vraiment décollé à partir de ce moment.

La fin justifie-t-elle réellement les moyens dans toutes les circonstances?

Inacceptable.

Berner et endormir les autres avec une histoire bien enrobée, avec un bel emballage et un chou, reste du leurre.

Je m’amuse parfois à dire que de la merde dans un beau sac-cadeau reste quand même de la merde.

Il est inacceptable de recommander à un autre entrepreneur de mentir délibérément à des gens pour décrocher des contrats. Ça s’appelle du LEURRE entrepreneurial.

Un leurre, c’est lorsqu’on cherche à tromper délibérément, à abuser de la confiance d’un autre pour parvenir à ses fins. Le fameux fake it until you make it.

La société ne devrait pas valoriser ce type de comportement d’amateur.

Voici quelques exemples de leurre entrepreneurial à éviter absolument :

  • Un consultant qui se patente une expertise bidon (qu’il ne possède pas) juste parce que ça a l’air payant et qu’il y a une vague d’intérêt à court terme. Pensez ici à tous les pseudo-experts qui n’ont aucune expérience qui deviennent des experts instantanés sur les médias sociaux, en gestion de crise.
  • Un entrepreneur qui invente l’organigramme de son entreprise avec des VP finances et VP opérations, en ajoutant des amis et des membres de sa famille alors qu’il n’a aucun employé… et qui gagne un concours par cet acte frauduleux. Même en le faisant naïvement, ça reste un leurre.
  • Un nouvel entrepreneur qui change sa voix lorsqu’il répond au téléphone pour faire semblant qu’il a un adjoint administratif afin de décrocher des contrats plus importants avec de grandes entreprises qui ne travailleraient pas avec lui autrement. Le contrat repose donc sur un mensonge. Pensez-y quelques instants…
  • Un individu qui mentionne posséder deux usines qui fabriquent ses produits alors que ce sont des sous-traitants et que l’entrepreneur ne prend aucun risque financier. C’est une question de modèle d’affaires. Ne venez pas me dire que ce sont VOS usines…
  • Un entrepreneur qui mentionne qu’il a 10 employés alors qu’en réalité, il n’en a aucun, car ce sont tous des travailleurs autonomes ou des pigistes indépendants. Dire qu’il a une équipe de collaborateurs : parfait. Dire que ce sont SES employés : leurre.
  • Ceux qui s’inventent des prix et se les décernent entre eux sur les médias sociaux pour gagner en crédibilité instantanée. Best coach of the year sur LinkedIn, alors que c’est son ami, qui ne travaille pas pour LinkedIn, qui l’a nommé ainsi dans une de ses publications. C’est de la fausse représentation et encore une fois, du leurre.
  • Des Dragons qui sont à la télévision et se font prêter l’argent nécessaire pour être devant les caméras parce qu’ils n’ont pas les liquidités pour y être avec leurs propres moyens.

Ceux qui réussissent vraiment sont rarement ceux qui cherchent à « flasher » et à être constamment sous les projecteurs.

De grâce, soyez sceptique et critique.

Surtout envers ceux qui sont sur des piédestaux. Repensez à tous les Dragons déchus… changez de lunettes si vous idolâtrez trop certains entrepreneurs à « succès ».