C’était en 2007, il y a déjà 11 ans. La division forestière de JD Irving m’avait embauché à la suite d’un processus rigoureux comme analyste en amélioration continue pour les opérations du nord-ouest du Nouveau-Brunswick.
Pour l’occasion, j’avais acheté une nouvelle voiture qui passait difficilement inaperçue (voir le chapitre 8 de mon livre Enfin les vraies affaires 3) et loué un appartement à Edmundston avec une vue magnifique sur le Maine…
On m’avait demandé pour ma première journée de me présenter au bureau administratif d’Edmundston. Après les explications d’usage et la signature du contrat auprès d’un agent des RH, on m’a indiqué que mon bureau serait à la scierie de Grande-Rivière, à 40 kilomètres de là, et que mon superviseur m’y attendait.
Je crois que c’était la première fois que Jean-Sébastien, qui avait une formation d’ingénieur forestier, avait un employé à sa charge. Vous comprendrez vite pourquoi.
Lorsque je suis arrivé sur place, mon superviseur, Jean-Sébastien, m’a rapidement fait faire le tour du bureau afin de me présenter à l’ensemble de l’équipe administrative et de supervision des opérations. Le directeur a échangé poliment avec moi et m’a indiqué que je devais suivre une formation de 3 mois sur le terrain afin d’en apprendre davantage sur les opérations forestières, et qu’il faudrait ensuite 1 an supplémentaire de formation afin de décocher ma green belt de la technique d’amélioration continue Lean Six-Sigma. Cette certification fait de ses détenteurs des spécialistes en gestion de projet afin d’améliorer les processus d’une entreprise et ainsi capturer des économies, bref d’augmenter la rentabilité en faisant mieux.
Lorsque j’ai demandé où était situé mon bureau, Jean-Sébastien et le directeur m’ont regardé en écarquillant les yeux…
Aucun bureau ou poste de travail n’avait été prévu pour moi. Jean Sébastien m’a déniché un vieil ordinateur portable qui ne fonctionnait pas vraiment et il m’a installé temporairement (pendant 5 mois) sur le dessus d’un classeur à deux tiroirs, à côté de son propre bureau, avec une chaise que je n’aurais pas offerte à mon pire ennemi.
Ce qui était le plus insultant, c’était que les stagiaires avaient de vrais bureaux bien équipés alors que moi, qui étais employé régulier, je n’avais rien de fonctionnel et encore moins ergonomique.
Je me suis à ce moment promis que si je gérais des employés un jour, ce type de situation n’arriverait jamais.
Je me suis donc fait un devoir d’accueillir adéquatement mes employés lorsque j’en gérais directement lors de mon implication au Centre de formation affaires et dans l’entreprise de transport dans laquelle j’étais associé.
Voici comment se déroulait la première journée d’un nouvel employé :
- Je l’accueillais au moins 30 minutes après que tous les autres employés soient arrivés au bureau, en lui offrant d’abord un café ou un rafraichissement.
- Je lui faisais visiter le bureau en le présentant à chacun des membres de l’équipe.
- Nous prenions le temps de lire le manuel d’employé ensemble et je lui faisais signer son contrat.
- Je lui présentais sa surface de travail et son bureau.
- Je lui demandais de me suivre afin que nous allions faire un tour de voiture.
- Une fois chez Bureau en gros, je lui demandais de choisir une chaise de travail avec laquelle il serait confortable, sans regarder les prix (en moyenne, je m’en tirais pour un montant situé entre 100 $ et 300 $).
- Nous retournions ensuite à nos bureaux et je lui demandais d’ouvrir son ordinateur et de découvrir son environnement de travail.
- Nous allions dîner ensemble tous les deux afin d’en apprendre davantage l’un sur l’autre.
- Je le faisais travailler un peu et lui faisais finir sa journée vers 16 h en lui demandant comment il se sentait et ce qu’il lui manquait pour être pleinement opérationnel.
- Je lui demandais également ses impressions à la fin de la première semaine de travail.
Connaissez-vous beaucoup d’entreprises qui achètent une nouvelle chaise à un nouvel employé de bureau?
Pourtant, c’était essentiel pour moi étant donné qu’après l’ordinateur, ce sera l’équipement le plus utilisé par l’employé.
La première journée est déterminante pour l’intégration d’un nouvel employé. Elle est cruciale.
Vous n’êtes pas obligé de donner un iPad et un polo de l’entreprise avec le nom du nouvel employé brodé, mais assurez-vous d’offrir un minimum d’intégration si vous désirez être considéré comme un bon employeur.
C’est plus facile d’attirer et de retenir de bons employés, surtout dans les conditions actuelles du marché de l’emploi où la pénurie de main-d’œuvre limite la production de plusieurs entreprises.
P.-S. – Jean-Sébastien n’avait qu’une idée en tête, faire sa job et se débarrasser de moi, alors qu’il devait théoriquement superviser mon travail. On l’avait nommé « superviseur » sans lui fournir la formation ou les outils adéquats pour bien jouer son rôle. Un peu comme la majorité des entrepreneurs qui commencent à gérer des employés sans avoir acquis les notions de base. Est-ce votre cas?