Au début de ma carrière, j’accompagnais des promoteurs dans leurs démarches de prédémarrage et dans le démarrage de leur entreprise. J’avais une idée précise du profil idéal d’un entrepreneur. Je dois avouer que les médias et les histoires à succès de grands entrepreneurs (à la Steve Jobs) avaient teinté ma vision de ce qu’est ou n’est pas potentiellement un bon entrepreneur.
Je faisais passer des tests aux nouveaux entrepreneurs pour découvrir leur profil entrepreneurial. J’avais le jugement facile jusqu’à ce que je rencontre Carl en 2008. Sur papier, il n’avait aucun potentiel entrepreneurial (selon moi, bien sûr). C’était un soudeur qui aimait souder, un artisan introverti, discret et perfectionniste. Six ans plus tard, il était à la tête d’une entreprise de plus de 30 employés dont la valeur marchande dépassait les 6 millions de dollars. Une entreprise qu’il a vendue avec succès.
J’ai cherché à comprendre la raison de son succès. C’était pourtant si simple.
Il avait misé sur ses talents et il avait développé son entreprise en ajustant son modèle d’affaires à sa propre personnalité. Il avait signé une entente avec son plus gros client sur plusieurs années assurant une récurrence de revenus importante. Il avait engagé graduellement des collaborateurs meilleurs que lui à tous les niveaux (ventes, marketing, opérations, comptabilité, gestion, etc.) pour venir combler ses lacunes. Bref, il avait usé d’une excellente intelligence d’affaires.
Présentement, bon nombre d’entreprises multiplient les initiatives pour garder leurs employés et font tout pour leur plaire. Des PME changent même de nom pour que leurs employés se sentent investis! L’entrepreneur devient ainsi un caméléon malgré lui et s’adapte à ses employés. Alors que ce devrait toujours être l’inverse. À l’époque, Carl l’avait compris. Il avait incité ses employés à adhérer à sa vision d’affaires et surtout, à sa personnalité d’entrepreneur.
La semaine dernière, nous avons démarré en présentiel à Acton Vale une de nos cohortes d’entrepreneurs avec la Clinique d’accompagnement entrepreneurial en collaboration avec la MRC d’Acton.
Je reviens toujours sur l’histoire de Carl pour expliquer aux entrepreneurs, à la barre d’une entreprise de moins de 20 employés, qu’ils doivent absolument miser sur les zones d’excellence de leur profil de personnalité et bâtir une entreprise en cohérence avec eux-mêmes.
Comme entrepreneur, il ne faut pas chercher à être comme les entrepreneurs « à succès ». Ne tombez pas dans le piège de vous sentir « poche » en écoutant les Dragons ou en feuilletant le journal Les Affaires. Il faut chercher comme entrepreneur à définir notre propre définition du succès, sans chercher à utiliser les paramètres des autres. Sans chercher à impressionner les autres.
La seule chose qui importe, c’est d’évoluer comme entrepreneur et de faire évoluer votre entreprise selon VOTRE vision et VOS objectifs, et non ceux des gens qui vous entourent ou de la société.
C’est pour cette raison que lorsqu’on fait passer des profils de personnalité aux entrepreneurs, il faut le faire sans jugement, tout en cherchant à comprendre. Il faut interpréter les résultats en fonction du genre d’entrepreneur qu’ils sont, et non en fonction de ce qu’ils devraient être.
Vous devez toujours miser sur vos talents et être créatif pour faire autrement avec vos limites. C’est un élément de distinction majeur. Personne ne peut réellement copier votre personnalité d’entrepreneur. Autrement, ça sonne faux.
Restez vous-même.
Quelle est votre définition du succès comme entrepreneur?
Comment mesurez-vous votre succès?