« No excuses »

Il y a neuf ans, les Canadiens de Montréal créaient un buzz médiatique en inscrivant ces deux mots dans le vestiaire de l’équipe. À l’époque, après une autre saison décevante, l’entraîneur-chef Michel Therrien répétait que ses joueurs n’avaient plus le droit aux excuses pour performer et pour participer aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Durant toute l’année, les joueurs répétaient « No excuses » comme un mantra. Résultat : les Canadiens avaient terminé avec 100 points au classement et atteint la finale de la Conférence de l’Est!

« No excuses » : c’est exactement ce à quoi me fait penser la pénurie de main-d’œuvre. Les propriétaires d’entreprises, peu importe la taille de leurs défis, n’ont pas d’excuses pour justifier leurs problèmes d’attraction et de rétention de main d’œuvre.

Soyons lucides : la pénurie de main-d’œuvre va perdurer au cours des prochaines années. Les statistiques illustrent une progression inquiétante : la problématique va s’accentuer pour atteindre un sommet en 2030.

Que faut-il en retenir? Attachez votre tuque parce que l’on est seulement au début de la tempête.

Sommes-nous, comme entrepreneurs, en mode solution? Et surtout, cherchons-nous des solutions alternatives?

Il faut donc être créatif et chercher des alternatives. Vous souvenez-vous des difficultés financières que vous avez déjà vécues en affaires? Sans vous en rendre compte, vous avez sûrement été créatif et vous avez réussi à résoudre vos problèmes monétaires. Souvent avec des solutions alternatives de financement, non? Les prêteurs privés et le love money n’existent pas pour rien!

Pourquoi ne pas adapter ces mêmes réflexes face à la pénurie de main-d’œuvre? Parce que pour l’instant, je remarque auprès des entrepreneurs beaucoup d’approches très classiques pour résoudre leurs problèmes avec des résultats mitigés au sein des petites entreprises. Selon moi, les stratégies de recrutement se déclinent en trois modèles :

La classique : Publier une offre d’emploi, recevoir peu de C.V., passer des entrevues, choisir le moins pire des candidats, lui mentionner qu’il a la job… Oups, trop tard, il a accepté une autre offre ou pire encore, il fait du ghosting lors de sa première journée… On continue, on se retrousse les manches et on travaille plus fort… Résultat : déception, réactivité et burnout potentiel.

L’intermédiaire : Donner le mandat à une firme de recrutement ou de chasseurs de têtes conventionnelle, attendre de recevoir des C.V., être déçu de la qualité ou des délais, annuler le mandat, travailler plus… Résultat : désillusion, frustration, réactivité et burnout potentiel.

(Il existe plusieurs excellentes firmes de recrutement, mais la pénurie est là pour tout le monde. Parlez-en aux experts RH…)

Travailler plus d’heures n’est pas une solution viable à long terme pour supporter la croissance de ses affaires. Tout le monde le sait, mais je vous confirme que plusieurs l’oublient!

L’experte : Développer une culture d’équipe forte, créer une vision inspirante et engageante, explorer l’immigration, responsabiliser les employés, les utiliser comme ambassadeurs, attirer de bons candidats, les fidéliser en les faisant grandir avec vous! Mais surtout, effectuer des changements dans son modèle d’affaires et être proactif en explorant des solutions potentielles. Miser sur des alternatives durables.

Vous devriez tous être dans la catégorie des experts. Vous avez tous le potentiel d’y parvenir.

L’exemple d’Intégration TSA

Julie Lahaye est directrice d’Intégration TSA, un organisme à but non lucratif de Québec qui accompagne des personnes de 21 ans et plus vivant avec un trouble du spectre de l’autisme et leur famille dans la transition vers la vie adulte active.

Enthousiaste, elle me partage lors d’un entretien virtuel les débuts de l’organisation ainsi que le développement des dernières années. Elle m’explique qu’Intégration TSA a développé des plateaux de travail ainsi que des équipes volantes de travailleurs pour se déplacer en entreprise et répondre aux besoins de main-d’œuvre. Leurs bénéficiaires sont suivis en entreprise par un éducateur, ce qui les forme et surtout les valorise.

Une vingtaine d’entreprises dans différents domaines délèguent déjà une partie de leurs opérations à Intégration TSA. On parle ici surtout de tâches répétitives pour lesquelles une procédure simple et claire est développée conjointement par l’entreprise et l’éducateur responsable. Ensacher, dénombrer, classer, plier et couper font partie de leurs attributions.

Cette situation est l’exemple éloquent d’un gagnant-gagnant : les bénéficiaires d’Intégration TSA gagnent en confiance sur le marché du travail avec une expérience valorisante de vie et les entreprises atténuent leurs retards de production.

Il existe une multitude d’organisations comme Intégration TSA qui s’occupent d’individus éloignés du marché du travail conventionnel. Pourtant, plusieurs personnes pourraient être intégrées différemment avec un encadrement professionnel. Par exemple, plusieurs de nos clients engagent de jeunes retraités ou des mères de famille qui souhaitent travailler quelques heures par semaine.

Pourtant, j’entends souvent des entrepreneurs qui me mentionnent qu’ils ne trouveront jamais de ressources à temps partiel ou encore qu’ils n’ont pas le temps de superviser la formation de personnes avec certaines limitations.

Restons ouverts et prenons le temps de découvrir et d’évaluer des solutions qui pourraient résoudre certains de nos problèmes tout en forçant l’évolution de notre modèle d’affaires.

Avez-vous réfléchi aux solutions alternatives?

Parce que vous n’avez plus d’excuse.