On parle souvent d’eux en chiffres. En indicateurs de performance. En « créateurs de richesse ».

Mais trop rarement en humains.

Ceux qui entreprennent, chaque jour, dans le bruit, l’incertitude, la pression. Ceux qui gèrent la production, les clients, les employés, la paperasse, les urgences… et qui, trop souvent, le soir venu, se demandent s’ils vont tenir. Plusieurs sont en état de survie!

Nous côtoyons ces gens-là. Souvent sans les voir.

Ils sont là, à votre table du midi, dans la cour d’école, au coin de la rue. Ils portent leurs responsabilités comme on porte un sac invisible : lourd, mais discret. Et ils avancent. Parce qu’ils doivent. Parce qu’ils n’ont pas le luxe d’arrêter.

Ils ne cherchent pas la pitié. Ils ne cherchent pas la gloire. Mais ils cherchent, et méritent, qu’on les reconnaisse.

Parce que derrière chaque commerce qui ouvre à 6 h, chaque facture envoyée pour ne pas étouffer, chaque salarié payé avant soi-même, il y a un geste de courage.

Et parfois, un geste de solitude.

Nous avons vu trop d’entrepreneurs jeter la serviette dans l’indifférence générale.

Pas parce qu’ils n’étaient pas compétents. Mais parce qu’ils n’avaient plus de souffle. Parce qu’ils ne recevaient plus un seul regard fier. Plus un seul « merci » qui fait tenir encore un peu.

Un jour, une entrepreneure nous a dit : « Quand une cliente m’a simplement dit qu’elle était fière de moi… j’ai pleuré dans ma voiture. »

Pas à cause d’un manque de ventes. Mais à cause d’un profond sentiment de découragement et de solitude.

Et ce n’est pas un cas isolé.

Nous entendons trop souvent ce soupir étouffé :
« C’est de plus en plus difficile, on est maintenant accessible 24/24 avec le cellulaire, les employés se plaignent sans cesse même si on leur donne un augmentation, les clients tout le temps pressés, avec lesquels on a plus le temps de développer de belles relations, sans parler du vol à l’étalage, de la réglementation, des changements dans les prix, … On dirait que personne ne comprend ce que ça me demande d’entreprendre, moi, j’ai besoin de toute mon énergie juste pour continuer d’opérer… À chaque semaine, je me questionne: j’arrête tout ou je poursuis? »

C’est ce qui nous pousse à écrire aujourd’hui.

Pas pour dénoncer. Pas pour pointer du doigt. Mais pour raviver quelque chose que nous avons peut-être trop négligé : la fierté d’avoir des entrepreneurs dans nos vies.

Ceux qui tiennent debout quand d’autres se couchent. Ceux qui créent malgré le doute. Ceux qui ne se battent pas contre les autres, mais contre l’abandon.

Acheter local, c’est important. Partager leurs publications, c’est utile. Mais parfois, un simple message, une tape dans le dos, un regard sincère vaut plus que tout.

Alors aujourd’hui, on vous lance un appel simple.

Si vous connaissez un entrepreneur qui se bat, qui tient, qui doute peut-être en silence…

Écrivez-lui. Appelez-le. Allez le voir. Dites-lui que vous êtes fier ou fière de lui.

Ce petit geste, vous ne savez pas à quel point il peut faire une différence.

Et si vous êtes vous-même entrepreneur… Recevez cette lettre comme un hommage.

Vous êtes utiles. Vous êtes essentiels. Vous êtes admirables. Même quand personne ne
vous le dit.

Il est temps qu’on soit fiers. Pas juste des résultats, mais de ceux qui se lèvent chaque matin pour bâtir quelque chose.

Contre vents, marées, et parfois eux-mêmes.

Nathaly Riverin
Fondatrice de Rouge Canari et de Persévérance entrepreneuriale

Alexandre Vézina
Stratège entrepreneurial | Auteur du livre Deux-par-Quatre