Le réseau social LinkedIn n’est pas reconnu comme étant une vitrine pour les échecs. Pourtant, la semaine dernière, je suis tombé sur une publication de l’entrepreneur Christian Genest de Buddha-Station qui annonçait avec humilité qu’il mettait son entreprise sur pause jusqu’au mois d’août pour mieux évaluer la suite. Christian racontait qu’il avait hésité longuement avant de la publier.

La majorité des entrepreneurs que j’ai vus vivre cette situation (pause temporaire ou fermeture définitive) ont honte, préfèrent se cacher et surtout, se faire oublier. C’est une forme d’atteinte directe à leur ego. Parce qu’ils ont échoué. Ces entrepreneurs se regardent difficilement dans le miroir et se répètent qu’ils n’ont pas connu une réussite éclatante avec leur entreprise.

On l’oublie trop souvent, mais l’entrepreneuriat est d’abord une suite d’échecs et d’apprentissages face à toutes les formes d’adversité, comme je l’ai abordé dans mon livre MARQUÉS AU FER ROUGE. Seuls les arrogants et les prétentieux jugeront un entrepreneur qui n’a pas « réussi ». Il est facile de critiquer et de regarder les autres de haut lorsqu’on n’est pas dans l’action. Ça fait gérant d’estrade.

Disons-nous les vraies affaires : ça prend du courage pour prendre la décision de mettre la clé sous la porte. Ça prend du courage pour mettre un terme à la vision que nous nous étions donnée en nous levant chaque matin. Ça prend du courage pour annoncer à nos employés qu’ils n’ont plus d’emploi. Ça prend du courage pour reconnaître nos erreurs. Et surtout, ça prend du courage pour reconnaître que nous avons atteint nos limites. Ça prend du courage pour mettre fin à un rêve souvent bien personnel.

Oui, c’est bien plus facile de s’entêter dans un modèle qui ne fonctionne pas ou qui ne fonctionne plus à cause de différents facteurs incontrôlables de notre environnement d’affaires. Je dirais même que c’est lâche et stupide de croire que les choses vont se régler d’elles-mêmes en ne regardant pas la réalité en face, en ne cherchant pas à faire autrement. Ça, c’est de l’acharnement.

« La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent », comme le disait Albert Einstein.

La ligne est mince entre l’acharnement et la persévérance.

Régulièrement, dans mes séances d’accompagnement, je pose aux entrepreneurs qui éprouvent des difficultés avec leur entreprise la question suivante : as-tu l’impression d’avoir tout essayé?

Si la réponse est négative, je les encourage à bien évaluer les solutions alternatives. Je leur demande de vérifier et de bien analyser les ressources nécessaires, c’est-à-dire l’énergie, le temps, l’argent ainsi que leur état de santé physique et mental. Il faut ensuite dresser un plan d’action, exécuter les changements à apporter et mobiliser les ressources pour « virer de bord » l’entreprise. C’est la définition de la persévérance.

L’idée, c’est de se donner une chance supplémentaire de réussir sans avoir de regret si jamais ça ne fonctionne pas. Parce que c’est lorsqu’on pense que l’on aurait dû faire ci ou faire ça que l’on est affligé de remords.

Les « j’aurais donc dû » sont à éviter.

Si vous avez tout essayé selon votre point de vue et que vous n’avez plus l’énergie pour vous battre, c’est courageux de reconnaître votre défaite.

C’est vrai dans le cas d’un produit ou d’un service qui ne fonctionne pas, d’une stratégie de mise en marché qui ne lève pas, d’un employé qui ne cadre pas, d’un associé qui ne s’implique pas, d’une entreprise qui perd continuellement de l’argent, etc.

Le monde change et il faut s’adapter. Effectuer un repli stratégique est une forme d’adaptation.

Je lève donc mon chapeau bien haut à tous les entrepreneurs comme Christian Genest qui ont été persévérants et qui ont fait preuve de courage après avoir atteint leur limite. Christian a tenté plusieurs approches d’adaptation dans les dernières années avant de devoir tirer sa révérence, du moins temporairement. Le connaissant, ce n’est que partie remise. Comme tous les entrepreneurs persévérants.