La course effrénée de l’entrepreneuriat ne se fait pas sans inconfort. Oh que non! Pourtant, il nous arrive tous un moment où l’on se dit que l’on pourrait peut-être prendre un break et lever le pied.
On essaie de se convaincre qu’on a assez souffert de coups de deux-par-quatre pour pouvoir enfin se la couler douce et profiter de la vie. La question surgit alors dans notre tête : est-il envisageable de mettre les deux pieds sur un pouf?
Parce qu’on a surmonté un grand nombre de défis.
Parce qu’on a fait les efforts nécessaires et fait des sacrifices.
Parce qu’on a investi notre cœur, notre temps et toute notre énergie.
Parce qu’on a souffert et qu’on cherche à fuir cette souffrance.
Parce qu’on est épuisé!
Être en affaires, c’est tough. À la longue, ça nous ronge par en dedans et ça use… même les plus persévérants d’entre nous.
Et c’est ce que ressentait Annick, une entrepreneure que j’accompagne. Après une rencontre stratégique avec son équipe de direction, Annick m’a informé qu’elle était à bout de souffle. Cette entrepreneure est à la barre d’une entreprise de stratégie marketing et design graphique d’une trentaine d’employés. Annick m’a alors raconté qu’elle en avait assez d’être constamment obligée de sortir de sa zone de confort, d’évoluer.
Lors d’un entretien, Annick m’a avoué qu’elle n’avait jamais vraiment souhaité être propriétaire d’une entreprise et gérer des employés. Elle a démarré ses activités comme travailleuse autonome, armée de sa passion et de ses convictions. Par contre, son rôle a changé petit à petit, l’obligeant à gérer ses affaires au lieu d’être sur le terrain et de laisser émerger son potentiel créatif. Bref, ses responsabilités, qui augmentaient, ont plombé sa motivation proportionnellement. Je vous partage une partie de notre échange :
– Annick, que devrais-tu faire pour recommencer à avoir du fun dans ton entreprise?
– Prendre des vacances…
– Oui, tu en as clairement besoin, mais ça ne réglera pas le problème.
– …
– Si tu n’avais aucune responsabilité et que tu avais carte blanche, quel emploi aimerais-tu faire dans ton entreprise?
– Chargée de projet. Ça me manque de coordonner l’équipe de production et de collaborer étroitement avec les clients.
– Qu’est-ce qui t’empêche de le faire?
– Franchement, Alex. Je ne peux pas… je ne t’engage pas pour me trouver une job.
– Non, tu m’engages pour te challenger, te donner l’heure juste et t’aider à te mettre à la porte. Tu ne peux effectivement pas changer de rôle dans les conditions actuelles. Mais, qu’est-ce qui te permettrait de le faire?
– … Euh… Je te vois venir… d’engager quelqu’un à la direction générale?
– Es-tu prête à te faire diriger par une autre personne dans ta propre entreprise?
L’entrepreneuriat est une belle découverte de soi en accéléré, mais on atteint tous un jour ou l’autre ce que l’on appelle le principe de Peter. « Selon ce principe, dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence, avec pour corollaire que, avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité » (Source : Wikipédia). Bref, nous atteignons tous notre seuil d’incompétence et malheureusement nous nous en rendons souvent compte trop tard.
Comme entrepreneur, on peut faire les changements nécessaires pour éviter de rester pris dans cette situation. Un bon entrepreneur a compris l’importance de s’entourer de gens meilleurs que lui et d’être bien accompagné dans ses démarches de réflexion.
Il y a plusieurs possibilités à explorer lorsqu’on est entrepreneur et non une seule avenue. La croissance est intéressante, mais chaque entrepreneur devrait davantage miser sur l’évolution des entreprises.
L’adversité est nécessaire à notre évolution.
- Assumez-vous le bon rôle dans votre propre entreprise?
- Que vous manque-t-il pour vous sentir en contrôle?
- Êtes-vous le goulot d’étranglement qui limite le développement de vos affaires?
- Quelle est la prochaine étape pour vous mettre à la porte de votre entreprise?
- Avez-vous encore du plaisir à faire ce que vous faites?
Pour revenir à Annick, je l’accompagne pour qu’elle dirige son entreprise comme une présidente lors des réunions régulières avec sa nouvelle directrice générale. Pourquoi? Parce qu’Annick a fait le choix d’être une chargée de projet à temps partiel, sans pour autant délaisser son entreprise. Annick recommence à avoir du fun avec sa business. Et ça n’a pas de prix pour elle.
Voulez-vous encore évoluer comme entrepreneur?