Avez-vous remarqué que les gens ont la mèche courte présentement?

J’ai remarqué que des gens de mon entourage ont commencé à réagir vivement et émotivement à des situations qui normalement n’auraient eu aucun effet sur eux. Est-ce parce que l’hiver s’étire ou que les confinements ont été trop restrictifs?

Ces sautes d’humeur m’ont déstabilisé. Parce que je ne les avais pas vues venir.

J’ai reçu des courriels très peu professionnels au cours des dernières semaines de sous-traitants, mais aussi de certains clients. Des femmes et des hommes qui ont toujours été irréprochables… jusqu’à maintenant.

Ça m’a fait chier. Et l’une des raisons, c’est que ça vient casser l’image que je m’étais faite de ces personnes. Comme notre réaction en voyant Will Smith aux Oscars!

Un entrepreneur m’a mentionné qu’il n’avait plus le temps de ne rien faire d’autre que de travailler. Il m’a dit qu’il se sentait comme un écureuil avant l’hiver – clin d’œil à un texte que j’avais écrit. Qu’il devait faire des provisions avant que son secteur d’activité se crashe à l’automne!

Comme quoi l’anxiété augmente toujours plus avec l’incertitude, une incertitude persistante depuis deux ans. J’ai dû rappeler à cet entrepreneur de faire attention à lui puisqu’il a déjà fait un burnout par le passé.

Il n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Le vase est presque plein. Et il est sur le point de déborder… La tension est palpable dans l’air.

Les enjeux des entrepreneurs font augmenter la pression mentale (et artérielle!). En rafale : la pénurie de main-d’œuvre, les défis d’approvisionnement, l’augmentation des délais ET des frais de livraison, la santé mentale des gens, la baisse du niveau d’engagement des employés, la polarisation des discours sur les médias sociaux, les défis générationnels, la pandémie de la COVID-19 qui ne finit plus (avec une sixième vague en vue), les mesures sanitaires qui ressemblent à un yoyo, le coût de la vie qui augmente, la guerre en Ukraine, l’instabilité internationale, le remboursement des prêts COVID, la gestion des employés émotifs, la surcharge de travail, etc.

N’importe quel entrepreneur a raison de se sentir assommé face aux défis qui l’attendent. Mais il faut reconnaître qu’un propriétaire de PME avec du personnel et qui exporte un produit manufacturier fait face à des défis beaucoup plus stressants à gérer qu’un comptable à son compte à la maison. Disons aussi les choses comme elles sont : ce n’est pas la même game. Des entrepreneurs luttent, d’autres s’enrichissent.

Par effet miroir, les situations dont je vous parle m’ont fait prendre conscience que mon propre niveau d’irritabilité a atteint des sommets dernièrement. Mes proches conseillers m’entendent souvent ventiler!

C’est tout à fait normal avec les deux dernières années que nous avons collectivement vécues. Une fois que c’est dit cependant, il est nécessaire d’agir sur le plan personnel pour éviter que ça dégénère.

Je remarque également que les astuces qui nous permettaient de tenir le coup il n’y a pas si longtemps, de conserver un certain équilibre émotionnel, ne sont plus aussi efficaces.

Au début de la pandémie, j’ai répété à des milliers d’entrepreneurs de s’ancrer en se trouvant des points de repère adéquats. J’ai même écrit un chapitre à ce propos dans mon livre Évolution. En voici un extrait :

Un point de repère, c’est quelque chose qui permet de nous orienter, de nous retrouver lorsque nous sommes perdus dans le temps et dans l’espace. C’est une chose familière grâce à laquelle nous pouvons retrouver notre chemin.

Ce peut être une personne avec qui nous échangeons, une chanson préférée que nous écoutons, la pratique d’un sport qui nous remet les deux pieds sur terre, un passe-temps, un livre que nous relisons, etc.

Bref, c’est quelque chose de réconfortant qui vous recentre sur vous-même en ayant une base solide pour poursuivre votre progression. Ce n’est pas quelque chose qui vous retient, c’est quelque chose qui vous pousse vers l’avant.

Pour ceux qui n’ont pas commencé à intégrer les points de repère dans leur hygiène de vie, c’est un bon point de départ. Pour les autres, j’ai la conviction que ce n’est plus suffisant.

Il faut explorer de nouvelles avenues pour vous recentrer, et je ne vous parle pas d’un éveil spirituel soudain en forêt. Réfléchissez à ce que vous aimeriez faire.

Certains ont commencé à travailler sur un nouveau projet personnel ou à faire de nouvelles activités pour faire sortir le méchant. Je vous encourage fortement à le faire aussi.

Je vous pose donc la question suivante : qu’est-ce que vous aimeriez faire de nouveau pour relâcher la pression?

La clé, c’est le changement. Il faut commencer par effectuer des changements sur soi-même pour ensuite pouvoir améliorer la dynamique de notre entreprise.

Ça part de l’entrepreneur. Et surtout, de sa santé.

Qu’allez-vous faire?